Blog Culture Martienne

Planète Mars et martiens dans l'imaginaire et la culture populaire / Planet Mars and martians in popular culture

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L'animal / The Tweener (1954) Leigh Brackett

L'histoire
Alors que les habitants de New-York et de ses environs sont assommés par la canicule, l'Oncle Fred ramène d'une expédition sur Mars, un entre-deux, un petit mammifère destiné à devenir l'animal de compagnie des enfants de sa sœur Lucille. La petite bête est très vite surnommée John Carter en hommage au héros d'Edgar R. Burroughs dont les enfants sont friands. Mais Matt, son beau-frère, tombe dans la paranoïa, persuadé que la créature est un être évolué et dangereux.

Arrow L'animal oppose deux personnages aux réactions très différentes mais qui vont (et "aurait") quand même condamner ce pauvre John Carter.
Nous avons d'abord l'Oncle Fred, l'astronaute. C'est un homme attentionné, bienveillant, dénonçant la xénophobie des colons envoyés sur Mars. Il est persuadé de sauver le dernier représentant d'une espèce martienne alors que sur Terre, elle est probablement tout aussi condamnée, ne serait-ce que par le climat et l'atmosphère différents de son monde. De plus, il ne réalise pas encore que ce n'est pas seulement sur Mars que l'Inconnu terrifie. Lui qui se dit aussi psychiatre, reconnaît trop tard son manque de discernement.
Matt, lui, assailli de cauchemars depuis l'arrivée de l'animal qui ne sont rien d'autre que la projection de ses angoisses, bascule peu à peu dans la paranoïa. Voyant dans l'accumulation de faits anodins (une porte qui se coince, une migraine carabinée...) l'influence néfaste du petit martien. Un être qui serait sournoisement plus intelligent qu'il n'y parait, capable de manipuler son environnement et ses enfants. Cette perception est ressentie et décrite par un Matt jaloux de l'attention donnée à la créature martienne. Il perd son point d'ancrage dans la réalité et finit par se persuader de la dangerosité de l'entre-deux. Il préfère donc anéantir, et ce dans un acte des plus lâches, cette "chose" venue d'ailleurs. Était-elle intelligente, malintentionnée ou pacifique, n'était-elle pas en fait qu'un simple petit animal inoffensif nul ne le saura jamais plus.

Les descriptions martiennes "réelles" sont réduites. On comprend que Mars est à peu de choses près, la planète déserte que l'on connait hormis ces petits vertébrés qui y vivent. Aussi, l'Oncle Fred les enrichit-il pour satisfaire l'imagination des enfants très attachés à l’œuvre martienne de E.R. Burroughs. Quant à Matt, il projette ses peurs dans des spéculations sur la vie sur Mars qui ne sont bien sûr pas du tout avérées.
A propos des "vases martiens". Fred, afin de ne pas dévoiler tout de suite le contenu du carton où se trouve l'animal pour en faire la surprise aux enfants, annonce à leur mère que c'est un vase martien (le mot vase, en français est mis en italique soit parce qu'il était aussi en français dans le texte original, soit qu'il ait une importance pour l'auteur, soit qu'il ait un sens double qui m'échappe), qu'il a ramené. Par un détail, on découvre que Lucille collectionne des figurines et que peut-être, s'est-elle trouvé un intérêt particulier pour des poteries venues de Mars. Cela permet donc, même si ce n'est pas une information de premier ordre de penser que les colons, dont on ne sait rien de leur mission, s'adonne à la poterie... pourquoi pas ☺ ?

Par sa cruauté, cette nouvelle se rapproche des textes de Philip K. Dick, Des nuées de martiens (1952) et L'Heure du Wub (1952). Elle est du même niveau émotionnel. Les intentions sont identiques, notamment avec Des nuées de martiens qui dénoncent chez l'être humain cette peur viscérale de l'Inconnu et la bêtise et la cruauté qu'elle engendre. Même si l'on peut supposer par sa ressemblance que Brackett se soit inspirée de Philip K. Dick, elle y ajoute une forte, et parfaitement maîtrisée, dimension psychologique. De sorte que son texte est une terrifiante représentation du racisme, de la crainte de l'Étranger et un constat alarmant sur la psychologie humaine.

A noter que le titre anglais The Tweener est ce qui est traduit dans le texte par l'entre-deux.

Citation
"Il leva les yeux au ciel, et il comprit ce que celui-ci avait de changé. Ce n'était plus une carapace solide qui le protégeait. Il était à présent large ouvert, fendu et déchiré par les fusées avides transportant les hommes avides qui ne s'étaient pas contentés de ce qu'ils possédaient. Et par ces ouvertures l’Extérieur était entré, et le monde ne serait plus le même. Ce ne serait jamais plus la Terre familière et sûre, ne contenant que ce qui lui appartenait, que ce que les hommes étaient capables de comprendre."



Descriptions martiennes "réelles"

Art : poterie, vases
Atmosphère : Absence d'air. Les colons doivent se déplacer avec un masque.
Climat : froid.
Faune : Plusieurs espèces de vertébrés mais la plus courante est l'entre-deux, un mammifère de la taille d'un lapin à la fourrure mouchetée de rouge rouille et de gris verdâtre. Oreilles en forme de tasses. Les pattes avant sont assez longues et se terminent par trois doigts et un pouce. Des yeux vert doré. Vivant dans des terriers qu'ils creusent sous le sol martien, ils craignent la lumière. Ils ont été domestiqués par les colons. Ils passent pour être l'espèce la plus évoluée qu'on ait trouvée sur Mars. Il semble qu'ils se soient adaptés à l'évolution de leur planète. Peut-être ont-ils pu être plus grands et vivant sur un sol ombragé par la verdure, ils apprirent à s'enfouir lorsque les arbres disparurent.
Flore : Lichen gris verdâtre. Il y a eu des arbres mais qui ont disparu.
Paysages : sable rouge
Villes : Le Camp, constitué de cabanes.



1954 L'animal (The Tweener)  Leigh Brackett dans Fiction n°30 de mai 1956
(Côte martienne Like a Star @ heavenLike a Star @ heaven)  (Côte plaisir Côte plaisirCôte plaisirCôte plaisir)


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