Blog Culture Martienne

Planète Mars et martiens dans l'imaginaire et la culture populaire / Planet Mars and martians in popular culture

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Disproportion explosive / Unbalanced equation (1956) Paul A. Carter

Résumé
La Fin du Monde a eu lieu. Les membres de la base américaine lunaire assistèrent à ce désastre tout en étant responsables des ultimes bombardements. La peur de la propagation des radiations ou la chute de météores les poussèrent à relancer le projet Arche de Noé. Une arche stellaire qui portera les derniers représentants de la race humaine, soit 2451 âmes sur Mars. Le problème c'est que la répartition entre hommes et femmes est inégale : 2320 hommes et 131 femmes... et des mariages furent célébrés. Bientôt, il ne resta qu'une vingtaine de célibataires pour plus de 2000 hommes. Contre toute attente, une douzaine d'entre elles décidèrent d'elles-même de se rendre disponibles aux hommes qui le désiraient en devenant de "libres compagnes". Puis Mars apparut et dévoila un réseau de canaux artificiels laissant espérer une civilisation avancée. Sur le sol martien, la base se monta alors qu'un premier meurtre présageant d'autres est perpétré sans doute par un prétendant éconduit par la femme du mort. L'occupation et les distractions, même sur Mars ne suffirent pas à détourner les hommes restés seuls de leurs besoins sexuels et affectifs. Aussi quatre groupes furent créés pour partir en exploration. C'est ainsi qu'ils découvrirent, en se dirigeant vers le sud, la ville martienne qu'ils soupçonnaient déjà de l'espace. Vide de toute âme, jusqu'à ce que deux soldats soient persuadés d'avoir aperçu une... martienne. Hallucination ou vérité ?

☺ Paul A. Carter, né en 1926, est décédé en 2016. En France, on ne lui connait que deux nouvelles traduites. Disproportion explosive dans la revue Fiction n°37 et Joram et les chiens (1988) dans le Fiction n°407. Cet historien social américain a démarré sa carrière littéraire en science-fiction et a surtout dans ce domaine écrit quelques nouvelles et participé activement dans les années 40 à la revue Astounding, puis dans les années 80 à la revue Analog. Il a aussi collaboré avec Gregory Benford pour la nouvelle Iceborn en 1989. Et il publia en 1977 un essai critique : The Creation of Tomorrow : Fifty Years of Magazine Science Fiction, non traduit.

Beaucoup de choses intéressantes dans ce récit qui traite autant des conditions du voyage spatial que de l'exploration martienne. La nouvelle est publiée dans le même numéro de Fiction où l'on trouve l'article de l'astronome Robert S. Richardson : Le jour de notre arrivée sur Mars et dont la préoccupation était de prendre en compte dans l'élaboration du voyage spatial la problématique sexuelle. Le propos de l'auteur était de prévoir un contingent de prostituées pour satisfaire les besoins physiologiques des hommes. Je vous invite à lire notre propre analyse de cet article en parallèle de celui-ci.
Les motivations de Carter semblent moins condamnables (de nos jours) même s'il n'échappe pas non plus à son temps. La base lunaire était constituée essentiellement de soldats, les femmes y ayant sans doute des rôles mineurs d'entretien ou de cuisine comme il seyait à l'époque. Et le voyage vers Mars étant quasi improvisé, la répartition hommes/femmes n'était pas réfléchie. Elle s'est imposée. Plus tard quand la disproportion apparut comme un problème d'ordre sécuritaire, Carter privilégie les mariages ; couples d'ailleurs qu'il protégera un peu plus loin dans le récit, une fois sur Mars, sans doute dans un esprit pratique de descendance et de protection de la race humaine mais aussi dans un soucis de moralité. Pour autant, il ne condamne pas les femmes qui décident de se donner aux hommes, il ne semble pas porter de jugement, et surtout il leur laisse la liberté de leurs décisions. Au fond, elles agissent comme le font de nos jours les couples libres. On pourrait se dire que leur choix est conditionné par la peur de se voir agressées et qu'il apparait plus judicieux de prendre les devants mais il reste encore quelques femmes qui ne prennent pas cette décision et elles ne sont pas jugées non plus pour ce choix opposé. Il y a donc une place pour le libre arbitre même si, bien sûr, la disproportion est telle que cette "solution" n'est pas viable sur le long terme. Réflexion qui anime le général jusqu'à la fin du récit.
En effet, le texte prend une dimension psychologique lorsque l'espoir émerge de deux soldats qui pensent avoir aperçu une martienne, belle et nue de surcroit. La motivation ressert les rangs. Comme l'expose le psychologue de l'équipage :
"Il n'y avait plus de martiens. Il en était certain. Et c'était aussi bien ainsi, car deux mille quatre cents personnes ne pouvaient se mesurer avec une population assez nombreuse pour avoir construit de grandes villes. Mais la promesse et l'incertitude pousseraient les soldats à marcher, si besoin était, d'un bout à l'autre de la planète. Non pas pour des raisons de sécurité militaire abstraites, mais pour la raison que deux hommes croyaient avoir une femme nue étendue au soleil."
Comment maintenir la cohérence du groupe autour d'une illusion ? Gagner du temps, c'est tout ce qui importe maintenant :
"Dans un royaume de l'antiquité, un condamné à mort avait obtenu un an de sursis en promettant au roi d'apprendre à son cheval à voler. Car, avait-il raisonné, d'ici un an le roi peut mourir, ou le cheval peut mourir, ou, qui sait, peut-être pourrai-je appendre à ce cheval à voler.
Et les années sont longues sur Mars..."



Descriptions martiennes

Air : irrespirable, nécessite des compresseurs et des masques pour respirer correctement.
Calottes polaires : lieu d'atterrissage : pôle Nord. Neige
Climat : vent, froid
Eau : présente par le biais de la neige, des lacs et des rivières.
Faune : poissons dans les lacs. Petits mammifères au corps recouvert d'écailles. Une autre forme de vie, disgracieuse, à écailles couleur de suif, possédant des ailes une queue en lanière de fouet et de grands yeux opaques. Certains semblent comestibles.
Flore : épaisses herbes gris-vert aux profondes racines présentes dans régions humides des calottes polaires ou des lacs. Buissons d'un brun rougeâtre. Roseaux (lacs). Des arbres minces et rabougris de la taille d'un homme, quelque foi regroupés en forêt. Arbres à épines. Certaines herbes semblent comestibles.
Martiens : leur civilisation était très avancée. Mais elle semble avoir disparu laissant derrière elle une ville fantôme.
Paysages : Assez varié. Sol sablonneux. Des lacs en descendant vers le sud de la planète. Une chaîne de montagnes usée par l'érosion. Des plaines de sables et de rochers. Rivières.

Ressources : eau, oxyde ferreux, animaux et végétation comestibles.
Ville : Presque au niveau du pôle Sud. Constructions géométriques de tailles variée sans fenêtres concentrées sur un carré parfait de quatre kilomètres de côté entourées d'une muraille. Bâties comme une ville américaine avec au centre des buildings et près de la muraille des bâtiments ne dépassant pas quatre étages. Traversée par une rivière formant dans la ville un réservoir carré. Murs en acier, allées dallées.



1956 Disproportion explosive (Unbalanced equation)  Paul A. Carter dans Fiction n°37 de Décembre 1956
(Côte martienne Like a Star @ heavenLike a Star @ heaven)  (Côte plaisir Côte plaisirCôte plaisirCôte plaisir)


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