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Planète Mars et martiens dans l'imaginaire et la culture populaire / Planet Mars and martians in popular culture

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Ghosts of Mars (2001) John Carpenter

Ghost of Mars (2001) John CarpenterL'histoire

En 2176, les pires malfrats de la Terre sont emprisonnés sur Mars dans la ville de Shining Canyon. Une équipe chargée du transfert d'un des prisonniers, le dangereux James "Désolation" Williams, découvrent une cité jusque là très vivante remplie de cadavres dépecés, décapités. Les survivants du massacre se disent possédés et certains n'hésitent pas à se suicider, les autres  sont devenus des adorateurs de rites païens, parlent une langue mystérieuse, se scarifient et se mutilent.
Les policiers apprennent d'une scientifique rescapée que dans les mines de Drucker, un tunnel construit par des humains a été découvert après dynamitage. Au bout, une porte portait des inscriptions étranges. A peine effleurée elle s'ouvre libérant un gigantesque nuage de poussière rouge. Dès lors, les humains infectés commencèrent à changer.
Le lieutenant Mélanie Ballard est à son tour contaminée. Afin de ralentir le processus, on lui fait absorber une drogue qui perturbe l'entité et l'aide à expulser cette dernière. Mais pendant son délire, elle est spectatrice de ce qu'était l'ancienne civilisation martienne, un peuple guerrier au faciès reptilien. Elle entrevoit ce qu'ils recherchent aujourd'hui : repousser l'envahisseur terrien. Policiers et bandits devront trouver ensemble une issue à ce monde terrifiant.
 

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Ce film de John Carpenter est loin d'être mon préféré. Il ne fait que transposer les grands codes du western sur Mars : les indiens (les martiens), les colons américains (les mêmes), l'attaque du train, le sheriff et ses adjoints et même la bourgade reculée de l'Ouest-Américain (ici, une ville de colons terriens loin de tout aux faux airs de Santa-Fe). C'est un film d'action bourrin à la réalisation assez décevante et au décor carton-pâte (construit aux alentours d'Albuquerque au Nouveau-Mexique) en permanence sous filtre rouge qui ne fait penser à rien d'autre que ce qu'il est : un décor carton-pâte. Je trouve quand même un certain esthétisme aux lignes du train blindé, véritable blockhaus ambulant et aux quelques rares et fugitives vues panoramiques (peintures sur verre ?). La narration, elle, est déjà un peu plus recherchée mais cela ne suffit pas à rattraper les faiblesses nombreuses du scénario. Je lui reconnais néanmoins la création de créatures autant fantastiques qu'inquiétantes qui, à la manière de clones de Marilyn Manson, nous renvoient des images très violentes, barbares et dérangeantes, adeptes d'un piercing extrême. Les sons gutturaux qu'émet leur chef peuvent aussi donner quelques frissons.

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La scène que je préfère est celle où le Dr Whitlock s'échappe de Drucker en ballon sonde pour venir s'écraser à Shining Canyon. Le survol de Mars à l'écran ne prend que quelques secondes mais est assez réussi. Le trucage consiste en un mix entre modèle réduit téléguidé et non une image virtuelle comme on pourrait le croire et une nacelle grandeur nature.
Autre idée intéressante dans ce film : Mars est dirigée par un matriarcat qui ne rend pas moins les hommes insupportablement machos par contre cela implique des relations lesbiennes généralisées. C'est assez inattendu dans les films de Carpenter qui ne laisse aucune place aux héroïnes fortes. Toutefois, Melanie Ballard n'a de Ripley que la petite tenue grise de la fin du film, puisqu'elle est surtout une droguée invétérée.

 

ghosts-of-mars-2.jpg Quant aux martiens, un doute m'habite qui m'entraîne dans une spéculation toute personnelle : si l'on en croit de nombreuses critiques, ils seraient les fantômes, les esprits des martiens (des indiens) annihilés par les humains venus à la conquête (de l'Ouest) de leur planète. Soit. Mais les explications de la scientifique me donnent envie d'extrapoler une autre version. Dans son délire, Melanie Ballard entraperçoit une ancienne civilisation humanoïde mais au comportement identique à celui des humains infectés. Or on sait par les théories du Dr Arlene Whitlock que ce qui contamine les Terriens, est un nuage de microorganismes capables de se propager en entrant dans le corps des individus. Serait-il donc possible de croire, que la vision du lieutenant évoque en fait une population non martienne, donc extraterrestre, qui aurait débarqué sur Mars bien avant les humains et qui se serait elle aussi retrouvée possédée. Le fait que ce nuage de particules vivantes ait été enfermé dans des tunnels souterrains prouverait que les colons précédents aient eux aussi cherché à s'en protéger. Et vu qu'ils n'ont laissé aucunes traces après ça, on peut penser qu'ils sont repartis chez eux... Cela me paraît plus cohérent car sinon cela impliquerait que les humains aient déjà été au courant de la présence martienne et que ce soit eux qui l'ai enfermée. Mais quelque soit la version qui vous arrangera, Carpenter reste un réalisateur engagé qui par le biais de ses oeuvres a souvent utilisé les codes du western pour dénoncer une histoire américaine prête à se renouveler inlassablement, et celle de l'anéantissement des indiens est reconnaissable ici quelque soit leur forme (humanoïde ou nuageuse)...

C'est donc un film d'un Carpenter peu inspiré même s'il y a un fond intéressant (et pas forcément visible au premier visionnage, surtout au milieu des bastons et des fusillades) A voir aussi
pour ses trucages "à l'ancienne" (pour qui aime les makings-of on en trouve quelques uns sur Youtube) et pour son "folklore" monstrueux. La musique, elle, a été composée et jouée en partie par Carpenter himself (on n'est jamais mieux servi que par soi-même).

Force est donc de constater que Mars n'inspire que très peu les belles et grandes productions hollywoodiennes. En dehors de Mission to Mars, de  Planète rouge, de Total Recall et de Mars attacks, et peut-être John Carter, on a globalement droit ces dernières années à des séries Z dont les meilleures du genre font encore pâle figure. Il faut donc peut-être chercher dans des films plus anciens quelques fois kitchs, désuets, drôles, parfois bluffant dans les trucages, une inspiration au moins plus novatrice qu'aujourd'hui. (Voir par exemple : The angry red planet qui nous offre sûrement une des plus belles créatures martiennes jamais égalée depuis).

On notera aussi que Carpenter s'est sûrement inspiré des magnifiques décors sous filtre rouge de Total Recall de Verhoeven.

Descriptions martiennes

Climat : tempête de poussière
Colonisation : la terraformation est en cours. Elle en est à 84%. Il faudra encore 10 ans avant de pouvoir respirer sans respirateur. Ce qui par un calcul simple permet de dater le début de la colonisation vers 2026. On compte 640000 habitants répartis dans plusieurs villes.
Martiens : des entités réveillées par l'arrivée des humains qui prennent possession d'eux. Ils se vengent de quiconque cherche à s'installer sur leur planète. Quand les hôtes meurent, elles s'échappent d'eux pour trouver un nouvel hôte.
Organisation : système matriarcal

Ressources : minerai
Transport : Transmarineris 74 Yankee, train de marchandise
Villes : Chryse capitale martienne (dont on peut supposer qu'elle se trouve dans Chryse Planitia). Shining Canyon, où l'on trouve une prison haute sécurité. Drucker ville minière
 

 

2001 Ghosts of Mars John Carpenter avec Natasha Henstridge, Ice Cube, Jason Statham, Pam Grier, Johanna Cassidy, Clea DuVall
(Côte martienne Like a Star @ heavenLike a Star @ heaven
) (Côte plaisir )

 
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Commenter cet article

M
<br /> C'est vrai que Ghosts of Mars est un Carpenter plutôt décevant, assez "brouillon" je dirais même. A chaque fois que je le revois, je me dis que cette fois-ci je vais peut-être mieux l'apprécier.<br /> Ce n'est jamais le cas...<br />
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E
<br /> <br /> Le fait de l'avoir "décortiqué" m'a permis d'en extraire quand même quelques bonnes choses. Pas assez pour crier au chef d'oeuvre malheureusement mais au moins pour m'ennuyer un peu moins. Reste<br /> aussi Natasha Henstridge qui tire assez bien son épingle du jeu au milieu de ces monstruosités cauchemardesques.<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Je suis assez fan de Carpenter, mais comme toi ce film m'a pas mal déçu. Un scénario un peu bâclé, qui recycle les figures du western (mais ça, c'est habituel chez le réalisateur, et il me semble<br /> même qu'il l'a revendiqué à l'époque de la sortie du film). Ce qui donne un côté suranné, voire à la limite de la série Z... Sinon il reste de belles choses côté maquillage et designs...<br />
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E
<br /> <br /> Ouep, les maquillages et les design sont pas mal. J'aime aussi assez ce filtre rouge même si on sait qu'il permet aussi de cacher justement toutes les imperfections du décor. Après ce film,<br /> Carpenter s'est arrêté de tourner un long moment. Au moins il n'aura pas persévéré dans la voie de la descente aux enfers.... Gardons le souvenir du GRAND Carpenter de The Thing et bien<br /> d'autres...<br /> <br /> <br /> <br />