Planète Mars et martiens dans l'imaginaire et la culture populaire / Planet Mars and martians in popular culture
27 Octobre 2013
L'histoire
En 1980, New-York est devenue une gigantesque métropole. Dans son ciel, circulent inlassablement monoplaces et dirigeables. Les buildings sont reliés par des passerelles aériennes et les humains portent des numéros (même les animaux : voir bonus ci-dessous). Ils ne choisissent pas leur partenaire de vie, décision que seul un tribunal peut valider à condition que le prétendant ait accompli un acte de grande bravoure. C'est dans ce monde que vivent J-21 et LN-18. Ils s'aiment et J-21 a quatre mois pour faire quelque chose d'assez extraordinaire pour obtenir l'accord du juge et pouvoir épouser la jeune femme.
C'est alors qu'il rencontre Z4 un scientifique qui a construit une fusée dans l'espoir d'envoyer quelqu'un sur Mars. J-21 n'a pas d'autre solution que d'accepter d'en être le pilote. C'est la porte de salut de son couple. Il décolle accompagné de son meilleur ami ainsi que d'un passager clandestin inattendu Single-O, un homme resté cinquante ans dans le coma après avoir été foudroyé.
Sur Mars, ils font la connaissance d'un peuple étrange et de leur reine Looloo et du roi Loko. Chaque martien possède un jumeau mais dont les caractères s'opposent : il y a les bons et leur pendant belliqueux. Pendant un spectacle martien, ils arrivent à échapper aux griffes de Booboo et de Boko, les doubles de la reine et de son mari et atterrissent sur Terre juste à temps pour le procès. Grâce à Single-O qui a réussi à capturer Boko et l'a ramené sur Terre, J-21 prouve qu'il est bien allé sur Mars. Le mariage est accordé. Just imagine, réalisé en 1930 par David Butler est à la fois une comédie musicale et un film de science fiction situés en 1980. Maureen O'Sullivan (la Jane de Johnny Weissmuller dans six Tarzan) y incarne la jeune héroïne LN-18 vivant dans un monde d'êtres indexés par des numéros. Pour l'époque, le film était très ambitieux et plein d'idées ingénieuses. Les effets spéciaux de grande envergure. Par exemple, le somptueux New-York futuriste, semblable à Metropolis (Fritz Lang, 1927), avait été construit dans un hangar d'une banlieue de Los Angeles (voir bonus ci-dessous). Dans le film, la ville regorge de nourriture, de boissons - et de bébés artificiels ! D'ailleurs, la réplique "Redonnez-moi ce bon vieux temps !" est une référence à la préférence de l'homme des années 30 pour la manière traditionnelle de faire des enfants, plutôt que pour la mode des années 80, à savoir à l'aide d'éprouvettes. Elle empêchera une nouvelle sortie du film pendant de longues années, censuré par le code Hays. Le film ne remportera que moyennement les faveurs du public. Il faut dire que la comédie musicale était en déclin. Ce qui dissuadera jusque dans les années 50 de nombreux réalisateurs à investir à nouveau dans la science-fiction autrement que pour des séries B à petits budgets.
Pour la petite histoire révélée par l'écrivain Forrest J. Ackerman : en 1930, au cours de la campagne de promotion de Just Imagine, on enterra un coffret sous le trottoir devant le Carthay Circle Theater de Berveley Hills. On ne devait le déterrer qu'en 1980. Hélas, en 1980, le célèbre théâtre avait été rasé et des tonnes de béton recouvraient le lieu où se trouvait le coffret.
Evidemment, le moment le plus excitant de Just Imagine est le voyage sur Mars, qui n'arrive pas avant 1h10. Les décors et les costumes étaient dignes des comédies musicales de Broadway. Normal puisque Sophie Wachner (non créditée), Alice O'Neil et Dolly Tree étaient toutes trois de célèbres costumières ayant oeuvré pour des cabarets, revues et films hollywoodiens. Avec un petit bémol pour le costume du roi, franchement ridicule.
On ne peut dénigrer l'intérêt de Just Imagine même si, visionné aujourd'hui, il a moins de portée qu'un Metropolis. Sa faiblesse était sans doute d'avoir jonglé entre plusieurs genres : la science-fiction, la comédie musicale et le comique de situation (notamment avec l'acteur El Brendel dans le rôle de Single-O) mais on doit lui reconnaître tout le reste : décors (dont beaucoup ont resservi pour d'autres productions comme Flash Gordon ou Buck Rogers - sauf pour la fusée, réalisée en papier mâché, dont on dit qu'elle fut abandonnée après le tournage dans un terrain vague), costumes, inventions futuristes, quelques fantaisies martiennes et surtout un sens sans précédent de la provocation. Le film n'hésitait pas, en effet, à cumuler des scènes politiquement incorrectes, des prises de vue ou des répliques ambigües comme la scène où le personnage de D-6 (interprétée par Marjorie White) se déshabille pour montrer sa tenue réversible où quand elle y va de son : "And he was a son of a b... – millionaire!”, dont on comprend, même sans traduire, la pensée profonde. Tout ceci lui donnant un aspect avant-gardiste qui n'échappera pas aux cinéphiles mais qui lui valut la censure de Hays à partir de 1934.
Source : Pour cet article, je me suis inspirée d'un passage du livre de référence Science-fiction de Forrest J. Ackerman (Evergreen), enrichi de mes propres arguments. Les photos sont issues de cette même source ainsi que du site Pre-code.comDescriptions martiennes
Animaux : un animal mi-chèvre, mi-chien avec de très grandes oreilles, une longue queue et des pieds palmés.
Martiens : Humanoïdes. Dirigés par un roi et une reine. Chaque individu possède un jumeau. L'un est bon, l'autre mauvais. Leur point faible : si on leur pince l'oreille, ils perdent toutes leurs forces.
Mission : première mission habitée vers Mars en 1980, à bord d'une fusée décollant et atterrissant à l'horizontale. L'aller-retour dure quatre mois. A noter que le vaisseau ne comprend que le poste de pilotage. Dur d'imaginer comment les voyageurs se sont occupés...
Paysages : Les roches ou les plantes, difficile à dire ce que c'est vraiment, ressemblent à des cathédrales de stalactites, comme dans les grottes, mais en plein air. D'autres font penser à des méduses ou des poulpes.
Système : Royauté
Technologie : astronomie
1930 L'amour en l'an 2000 (Just Imagine) David Butler [N/B - 1h48] avec El Brendel, Maureen O'Sullivan, John Garrick...
(Côte martienne ) (Côte plaisir
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Bon film !
Bonus
Maquette de New-York City
J'ai retrouvé l'ancêtre du chien-robot du Dr Who : K-9
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