Planète Mars et martiens dans l'imaginaire et la culture populaire / Planet Mars and martians in popular culture
11 Septembre 2013
L'histoire
Mars : colonie terrienne. L'agent secret John Gull, lors d'une mission dans les bidonvilles de Port Mars contre les Chapeaux Noirs, un gang de contrebandiers, faillit perdre la vie. A défaut, il ne se brûla qu'un bout de lèvre. Convoqué par l'énigmatique chef nommé .5, il est renvoyé pour une nouvelle aventure dans la région de Syrtis Major, à Héliopolis. D'étranges apparitions de soucoupes volantes y ont été observées et deux témoins ont affirmé avoir été abordés par trois extra-terrestres venus leur apporter un étrange livre capable de leur donner certains pouvoirs. Après avoir fait le tour des différents services de la Sécurité (la Recherche, le Matériel, les Transports) pour y récupérer l'équipement et les consignes nécessaires, Gull embarque dans un sous-marin qui relit par les canaux Port-Mars et Héliopolis. Mais au niveau de Sinus Sabaeus, l'embarcation est torpillée et Gull et sa nouvelle compagne, Alessandra, rencontrée à bord, s'échappe par le désert pour enfin atteindre leur objectif. Mais durant la traversée, ils sont accostés par le martien Tars Tarkas de la race des barsoomiens et son étrange monture à six pattes. Malheureusement l'intervention d'une soucoupe volante et de ses occupants auront raison de lui et le pauvre indigène périra avant d'avoir atteint la ville.
Enfin parvenu à son objectif, Gull est pris à partie par un mystérieux personnage qui tente de le liquider. Il commence à douter de la loyauté d'Alessandra qui semble avoir été toujours là quand les choses tournaient mal. Elle lui avoue être sous la coupe des Chapeaux noirs qui ont menacé sa famille. Gull devra jouer serré pour les sortir des griffes de ces gangsters qui ont réussi un coup de maître en se ralliant la population en se faisant passer pour des dieux extraterrestres venus les soumettre.
Cette longue nouvelle est un régal pour ceux qui aiment les romans d'aventures pleins de rebondissements, d'action, de trahison, de méchants, de belle blonde, d'exotisme... et d'humour.
Pohl écrit ici un pastiche à peine voilé de James Bond. Une des scènes les plus drôles est celle où pour entrer dans la Sécurité, il doit passer entre les mains d'un barbier, à l'aller comme au retour. La scène se reproduit plus tard quand il doit pénétrer dans le fief des méchants, dont l'antichambre est cette fois le cabinet d'un... dentiste. Le héros a tout du type suffisant, charmeur et macho mais pourtant pas toujours fut-fut qui cumule les erreurs. Il suffit aussi de voir à quel point il peut être aveugle puisque durant toute l'histoire il côtoie la fille (qu'il est sûr d'avoir déjà vu, mais où ?) qui a failli le brûler vif durant sa mission précédente. Quant à son machisme, il est pris à contre-pied par le fait que Gull est très "tendance" : il aime se polir et se vernir les ongles. (Tous les hommes n'ont-il pas un côté féminin ?)
Deuxième hommage : celui rendu à Edgar Rice Burroughs. Le personnage de Tars Tarkas de Thark est en effet un des personnages principaux du Cycle de Mars. N'ayant pas encore lu cette oeuvre incontournable, (tout arrivera en son temps), je ne sais pas quel destin lui est réservé chez Burroughs, mais en tout cas ici, il n'aura pas fait long-feu.
Parmi les clins d'oeil les plus insolites : un portrait du président égyptien Abdul Gamal Nasser dans le sous-marin. La nouvelle est écrite en 1965 et Nasser est au pouvoir et surtout il est attaché à l'histoire du canal de Suez : une pirouette en référence aux canaux martiens.
On notera aussi l'américanisme à outrance exporté sur Mars illustré par des petits détails subtilement distillés : carte de Crédit American Express, Cadillac, Monopoly version martienne (dans un passage d'anthologie)... Et Pohl avec humour démontre que les petits bonshommes vers et leurs soucoupes volantes, c'est belle et bien une supercherie. (Ah bon ?)
Quoiqu'il en soit, il n'est pas impossible que des références ou des traits d'humour nous échappent dans la traduction. Peut-être faudrait-il la relire dans sa version originale.
La nouvelle de Pohl est donc particulièrement truculente. Il FAUT la lire pour le croire !!!!
Descriptions martiennes
Armes : les colons terriens utilisent des pistaiguilles. Les barsoomiens utilisent des lances.
Atmosphère : air est raréfié. Nécessite un respirateur.
Calottes polaires : on y trouve de l'eau qui fait l'objet d'un commerce à part entière.
Canaux : ils sont navigables principalement par des sous-marins considéré comme le moyen de transport le plus raffiné. Plusieurs ports martiens.
Colonisation : Mars est depuis longtemps colonisée au même titre que plusieurs autres planètes.
Eau : courante. Exportée des calottes polaires. L'eau des canaux, elle, est recouverte d'"une masse gluante et fongoïde qui interdisait l'évaporation et avait pendant des siècles empêché les télescopes de la Terre de déceler l'eau des canaux martiens."
Faune : piranhas dans les canaux. Créature d'un gris verdâtre munie de six jambes de la taille d'un éléphant.
Langage : le solex mâl parlé par les Chapeaux Noirs.
Martiens : les habitants sont essentiellement des colons terriens mais l'on trouve quelques races indigènes martiennes comme les barsoomiens. Ces derniers sont des humanoïdes à la face reptilienne, aux yeux rouges, à la mâchoire faite d'une double rangée de crocs jaunâtres, à la peau verte et à quatre bras. Quant aux extraterrestres représentés comme nous le faisons sur Terre, petits, verts dans leurs soucoupes volantes, ils ne sont pas ici Martiens : c'est une pure supercherie !
Mode : les colons hommes aiment se vernir les ongles.
Paysages : déserts de dunes de sable ocre, collines
Région : le désert Syrtis Major. Le Grand Désert Septentrional. Sinus Sabaeus. Falaises Eclatées. Les Mers Mortes. Barsoomland.
Religion : les barsoomiens vénère le dieu Issus.
Ressources : mine de mica, eau de la calotte arctique, pierres précieuses (topazes)
Satellites : ils sont évoqués dans le titre original : Under two moons.
Villes : Port-Mars avec plusieurs quartiers dont des bidonvilles et un quartier syrien et un métro. C'est aussi le siège de la Sécurité ; Lacus Solis ; Heliopolis (habitants : héliopolitains) surnommée le Saigon de Syrtis Major : "La Plus Perverse des Cités Existantes. Alcools - Casinos - Vice à la demande. La Famille qui Joue Ensemble Reste Unie" ; Hélium dans la région de Barsoomland : possède la célèbre attraction Le Tobogan Géant des Tours Jumelles.
1965 Sous le ciel de Mars (Under two moons) Frederik Pohl (dans Galaxie n°55, décembre 1968)
(Côte martienne ) (Côte plaisir
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Copyright © Culture Martienne 2007-2013
Autres nouvelles martiennes (même anecdotiques) dans ce numéro de Galaxie :
L'oeil de la pieuvre de Larry Niven
La sensation de Roger Dee
Tars Tarkas de Thark illustré par Wood
Photo : Copyright © Culture Martienne 2007-2013
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