Planète Mars et martiens dans l'imaginaire et la culture populaire / Planet Mars and martians in popular culture
8 Mars 2008
L'histoire :
Comme on peut le résumer facilement Wilfrid de Fonvielle (1824-1914), journaliste, vulgarisateur scientifique et aéronaute, présente ici un texte qui tend à la fois de l'article journaliste que de la nouvelle prospective ; d'où le chapeau de l'article : fantaisie d'astronome.
Ce texte mélange en effet faits scientifiques (de l'époque) et inspiration visionnaire telle celle qui motive son contemporain Albert Robida, illustrateur fabuleux, créateur du remarquable roman illustré : Le vingtième siècle et présentement auteur du dessin de couverture du Journal des Voyages qui publie le texte de de Fonvielle. Ce dernier ne manque donc pas de le remercier de sa collaboration. Une excellente entrée en matière qui nous oriente donc dès le départ sur la voie de l'extrapolation des plus farfelues mais non point dénuée d'intérêts car elle s'exprime toujours en rapport avec des connaissances établies et d'autres à envisager.
Tout d'abord, de Fonvielle prétexte pour son article le prix Pierre Guzman, créé en 1891 par la mère de ce dernier, Clara Goquet Guzman, et qui doit récompenser par la somme de 100 000 francs celui qui réussira dans les dix années à venir à communiquer avec un astre ou une étoile et recevoir une réponse. Bien que validé par l'Académie Française des Sciences, ce prix ne se portait pas sur l'échange éventuel avec la planète Mars, qui, jugée trop proche, semblait un challenge bien trop facile. Et l'auteur se charge bien d'occulter cette règle en promettant de prendre contact avec les "marsiens".
Pour se faire, il est persuadé que les connaissances déjà acquises grâce à Percoval Lowell (Louell dans le texte) dans son observatoire de Flagstaff (Flagstof dans le texte) en Arizona (créé en 1894) seront supplantées par celles à venir grâce à l'observatoire de Jules César Janssen, inauguré sur le Mont-Blanc en 1893 et qui doit accueillir une lunette bien plus puissante (en 1896). [Notons d'ailleurs que le 19 mai 1901, quatre mois après la publication de son texte, Wilfrid de Fonvielle consacre un article dans le même Journal des voyages à une des ascensions du Mont-Blanc par Janssen.]
Mais pourquoi attendre de tels résultats quand la raison peut déjà établir des faits. Comme celui qui veut que Mars, si semblable à nous, a forcément vu se développer la vie. Au point même que dans l'inconscient culturel, nombreux sont les poètes, écrivains ou scientifiques qui ont déjà extrapolé sur cette société martienne. Et de revenir à des considérations plus scientifiques telle l'analyse spectrale qui vient non pas valider la présence d'une vie sur Mars, puisqu'elle est donc par défaut reconnue, mais plutôt expliquer comment elle se développe et dans quel environnement : Elle nous montre que les animaux y trouvent de l’oxygène, dont leurs poumons ont besoin pour respirer à la manière des nôtres. Elle nous apprend, de plus, que la vapeur d’eau y existe, mais en quantité assez faible.
Et d'aller même jusqu'à dire que l'on connaît bien moins sa terre mère que la planète rouge !
A partir de là débute tout l'art de Wilfrid de Fonvielle pour nous décrire la planète comme si vous y étiez. Paysages, météorologie, physionomie et physiologie "marsienne", organisation sociale et juridique et même gestion de la paix et maintient de l'harmonie. Et si vous avez un doute, les observations faites à Flagstaff ou encore à l'observatoire de Juvisy ou d'Acerti vous le prouvent. Oui, oui. Un beau moyen aussi de nous faire ressentir à quel point l'être humain n'est pas à la hauteur de ses voisins. mais sans pour cela aller jusqu'à se sous-estimer non plus : Cette planète ne nous donne cependant qu’une image affaiblie de ce que serait la terre si la violence de nos passions, c’est-à-dire de nos appétits matériels, ne nous empêchait de jouir en paix des biens beaucoup plus nombreux dont nous avons la libre disposition. Car chez nous le soleil est plus ardent, et l’eau n’a pas besoin d’être aménagée avec tant d’efforts.
La nouvelle se termine sur cet énoncé de descriptions et d'évidences sans qu'il soit utile de revenir à des considérations scientifiques bien terriennes.
Je me permettrai donc de conclure moi-même en soulevant le manifeste désir utopique dont fait preuve de Fonvielle et qui donne crédit à tous les espoirs possible ici ou ailleurs tant que c'est pour une cause bien meilleure à notre supériorité bassement humaine.
Je précise aussi qu'il faudra à la lecture du texte tenter de ré-agencer la chronologie des découvertes ou évènements cités. Bien qu'écrit en 1901, l'auteur fait référence à des faits qui s'étalent sur une dizaine d'années même s'ils paraissent assez proches les uns des autres.
Descriptions martiennes
Faune : animaux, oiseaux
Mars : oxygène, ciel pur, pesanteur d'une intensité trois fois plus faible. Possède une civilisation très avancée.
Martiens : des êtres humanoïdes mais de taille plus petite, plus affinée ce qui leur donne un air mignon, gracieux et élégant. Leurs narines et leur bouche sont plus petites en raison du peu d'air dont ils ont besoin et de la nourriture délicate et moins volumineuse qu'ils ingurgitent. Leur cerveau s'est épanoui et agrandi mais pas de façon disgracieuse. Les femmes : leur type s’approche beaucoup de celui que les poètes de la terre considèrent comme la perfection.
Organisation : les paysans ont un statut égal à nos aristocrates. Les femmes sont amplement reconnues et occupent de hautes fonctions. Les armées sont des armées d'ouvriers plus que de soldats, la guerre étant exclue et des tribunaux d'arbitrage existent en cas de querelles.
Paysages : vallées, montagnes
Ressources : eau sous forme de vapeur d'eau mais en quantité très faible. Elle provient aussi de la fonte des glaciers polaires et sa rareté oblige une organisation particulière par le truchement de la construction de canaux d'irrigation.
Technologies : Ce sont des bâtisseurs qui maîtrisent leur environnement et les techniques de construction. Ils connaissent aussi la philosophie, l'art, la science et la mode. Quant à la dynamite, qu'ils possèdent, elle n'est utilisée que pour de bonnes causes.
1901 A la surface de Mars Wilfrid de Fonvielle
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